Prise de position sur la souveraineté numérique

S’éloigner de Microsoft 365 et du cloud d’Amazon : Comment instaurer la souveraineté numérique

Société Numérique exige que la Suisse reprenne le contrôle de son infrastructure numérique. Seul un pays souverain sur le plan numérique peut garantir la souveraineté des données, réagir de manière autonome aux crises et renforcer sa propre compétitivité. Pour ce faire, les pouvoirs publics doivent introduire des solutions souveraines pour les programmes de bureautique et mettre en place une infrastructure «cloud» indépendante. Tout aussi important : la formation et la rétention de spécialistes pour ces technologies clés et la priorité donnée aux logiciels open source dans les achats. Société Numérique propose des mesures à cet effet.

Sans services numériques, notre société serait à l’arrêt. Ils font aujourd’hui partie des infrastructures critiques, au même titre que l’électricité, l’eau potable et les transports. Mais la vulnérabilité de cette infrastructure est aussi grande que la dépendance vis-à-vis des géants technologiques qui l’exploitent et des gouvernements étrangers dont ils doivent respecter les lois. La souveraineté numérique signifie retrouver sa capacité d’action. La Suisse est aujourd’hui dépendante et serait impuissante face à un blocage de Microsoft, comme cela s’est produit par exemple pour la Cour pénale internationale.

Les membres de Société Numérique ont élaboré et adopté une prise de position sur la souveraineté numérique. La revendication fondamentale de cette prise de position est la suivante : la Suisse doit ancrer la souveraineté numérique comme objectif stratégique de sa politique numérique.

L’infrastructure informatique – y compris le matériel, les logiciels et les données – doit pouvoir être exploitée et adaptée par des spécialistes sur place. Société Numérique invite les décideurs politiques à investir dans la souveraineté numérique. La Suisse a besoin de solutions souveraines pour la bureautique au lieu d’une intégration toujours plus importante dans l’univers Microsoft 365. La Suisse a besoin d’une infrastructure cloud sécurisée et indépendante au lieu d’Amazon. Cela nécessite une coopération étroite avec les pays européens qui partagent les mêmes valeurs que la Suisse.

Les marchés publics en Suisse doivent être systématiquement orientés vers des critères de souveraineté. Il s’agit également d’une question d’argent : au cours des dix dernières années, les pouvoirs publics ont dépensé environ 1,1 milliard de francs pour des licences Microsoft. Le principe de l’open source est essentiel pour la souveraineté : chaque logiciel doit pouvoir être adapté aux besoins si nécessaire. Cela nécessite un libre accès au code source dans le cadre de licences appropriées. Dans le même temps, il faut également promouvoir la formation de spécialistes dans les technologies clés.

Il faut agir maintenant, avant que les dépendances existantes ne se renforcent davantage. Aujourd’hui, nous ne sommes pas libres, mais vulnérables au chantage. Ce n’est qu’en pouvant exploiter et concevoir notre infrastructure numérique de manière autonome à long terme que la Suisse restera compétitive, protégée et autonome sur le plan numérique.